Neurodyssée
Prosopagnosie & Capgras
Comprendre le fonctionnement du cerveau à travers des pathologies pas comme les autres.
Une dinguerie.
Introduction
La neuropsychologie est une discipline au croisement entre la psychologie et les neurosciences qui s'intéresse aux liens liant le comportement et l'activité cérébrale à travers l'étude des dysfonctionnements comportementaux et cognitifs. Cette discipline nous offre un éclairage sur la complexité de la cognition humaine en examinant comment ces processus sont enracinés dans la structure et le fonctionnement du cerveau.
Aussi, la neuropsychologie nous dévoile les mécanismes sous-jacents à de nombreuses fonctions à travers leurs dysfonctionnements pathologiques. En effet, nos fonctions cognitives semblent intégrées de manière harmonieuse de prime abord, mais la pathologie met à jour une organisation modulaire et interdépendante où de nombreuses populations de neurones et régions cérébrales contribuent de manière dynamique à la cognition humaine.
Dans cet article, nous illustrerons ce principe à travers deux syndromes neuro-psychologiques aux symptômes étonnants et peu communs : la prosopagnosie et le syndrome de Capgras.
Prosopagnosie
La prosopagnosie est un trouble de la reconnaissance des visages caractérisé par la perte de la capacité à reconnaître ou identifier les visages familiers. Le patient est en grande difficulté voire incapable de reconnaître le visage de ses proches ainsi que de personnes nouvellement rencontrées, tandis que la capacité à reconnaître visuellement d’autres objets est conservée. De plus, les patients restent capables de reconnaître d’autres traits distinctifs d’une personne afin de l’identifier comme sa voix, sa taille ou sa démarche.
Les recherches sur cette pathologie ont permis de démontrer que la reconnaissance des visages est une capacité distincte que l’on peut dissocier d’autres processus de reconnaissance visuelle, possédant des régions spécialisées pour cette tâche.
En effet, la prosopagnosie survient en conséquence de lésions, le plus souvent droites ou bilatérales, des régions occipitale et temporale. Parmi les régions cérébrales contenues, on trouve une zone fonctionnelle spécialisée dans la reconnaissance des visages : l’aire fusiforme des visages ou le gyrus fusiforme localisé dans le lobe temporal inférieur ainsi que l’aire occipitale des visages ou gyrus occipital inférieur.
👁
Ces zones appartiennent à un réseau neuronal appelé :
la voie visuelle ventrale (VVV).
La voie visuelle ventrale
Après que le cortex visuel primaire (V1) dans le lobe occipital ait reçu les informations visuelles, la VVV consiste en un ensemble de zones cérébrales allant du lobe occipital au lobe temporal dont l’activité est impliquée dans la reconnaissance visuelle des objets. Cette voie nous permet d’identifier et de catégoriser les objets de notre environnement.
Dans le cas de la prosopagnosie, une lésion de la zone fusiforme des visages perturbe la reconnaissance des visages familiers : leur perception visuelle n’est plus capable de susciter les représentations stockées en mémoire qui leur sont associées, ici l’identité.
Ensuite, les informations visuelles relatives aux visages sont relayées à d’autres régions corticales. Notamment, la VVV est en étroite relation avec le système limbique du cerveau, un ensemble de zones cérébrales impliquées dans le traitement émotionnel, la régulation émotionnelle ainsi que la mémoire, avec des zones comme l’amygdale ou l’hippocampe.
Le système limbique est responsable de l’attribution d’une valeur affective positive ou négative à un stimulus, comme un visage, et d’en donner la signification émotionnelle, incluant donc le sentiment de familiarité.
Syndrome de Capgras
Dans le cas du syndrome de Capgras, cette interaction entre voie visuelle ventrale et système limbique est dysfonctionnelle. Ce syndrome est un trouble psychiatrique rencontré dans certains troubles comme la schizophrénie, mais aussi dans le cas d’atteintes cérébrales le plus souvent dans le lobe frontal droit.
On parle aussi de délire ou syndrome délirant puisque ce syndrome se caractérise par une altération de la perception de la réalité ainsi qu’une adhésion intangible aux croyances erronées. Dans le syndrome de Capgras, aussi nommé délire d'illusion des sosies, le patient a la conviction délirante que ses proches et les membres de sa famille ont été remplacés par des imposteurs parfaits ou des sosies.
Ainsi, le patient reconnaît l’individu ainsi que son identité mais cette reconnaissance ne suscite aucune émotion ni sentiment de familiarité. Cette absence de familiarité donne alors le sentiment que l’individu est à la fois connu et étranger. Par conséquent, la seule issue à ce conflit d’informations discordantes trouvée par le cerveau est la négation de l’identité de l’individu et l’existence d’un sosie lui ressemblant trait pour trait.
Il apparaît donc que, dans le cas du syndrome de Capgras, le système de familiarité reposant sur les régions limbiques est altéré, tandis que le système de reconnaissance reposant sur la voie visuelle ventrale est intact, à l’inverse de la prosopagnosie.
L’étude neuropsychologique de ces troubles nous démontre que, bien qu’elles semblent fonctionner à l’unisson de manière inséparable, la reconnaissance et la familiarité qu’évoquent un visage sont en réalité deux phénomènes dissociés et sous-tendus par des régions cérébrales distinctes mais parallèles.
La suite de la chasse au trésor...
Pour obtenir la localisation du prochain QR code dans le campus, réponds à quelques questions en suivant ce lien :
Neurodyssée